1000 coups de fouet parce que j'ai osé parler librement - Raif Badawi by Islam

Auteur:Islam [Islam]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Kero
Publié: 2015-05-27T22:00:00+00:00

Le libéralisme est-il l’ennemi de la religion ?

* * *

Paru sur le site web Al-Jazira,

en mai 2012

Cette question fit l’objet d’une discussion lors d’une assemblée publique, suite à la série d’articles que j’avais commencé à écrire sur le libéralisme. La plupart des personnes présentes étaient convaincues que le libéralisme est hostile à toutes les religions, et plus précisément à la religion musulmane, tout en le considérant lui-même comme une religion extrême. C’est là précisément que l’on voit l’ambiguïté de la définition superficielle du terme libéralisme dans notre mémoire collective, pour notre société qui a grandi et vit dans une culture d’opinion et de doctrine unique. Le libéralisme y est une hérésie, une désertion de la religion et une déchéance morale, un havre de la nudité et des unions homosexuelles, et bien d’autres choses encore dont on a empoisonné les cerveaux de notre société, en leur faisant croire qu’elles représentent le vrai visage et la chair du libéralisme, son expression et sa pratique. Un écrivain français a su définir le concept de libéralisme. Malgré les multiples acceptions du terme, et malgré les transformations successives qui en ont altéré la perception, on peut ramener le libéralisme à l’idée principale suivante : l’humanité a atteint sa majorité ; elle est en mesure de mener ses propres affaires sans aide extérieure. Un régime politique qui adopte une approche libérale est un régime qui croit en la capacité des humains à se donner les moyens de progresser grâce au dialogue, et à corriger ses erreurs au fil de ses expériences successives. Le libéralisme repose essentiellement sur le principe de la liberté individuelle et du respect de la liberté des autres. C’est un état de tolérance mutuelle absolue, à condition qu’il ne le cède ni au scepticisme ni à l’indifférence ; car le libéralisme a un idéal, le progrès, et la conviction que la liberté en soi est un Bien et a pour ambition le Bien, que la vérité naît du dialogue, et que l’humanité tend naturellement à s’améliorer à l’infini.

En effet, une humanité mature et intelligente est le catalyseur et le seul moteur qui permettent à l’être humain de construire les sociétés, et de promouvoir la tolérance, la créativité, l’art et le progrès technologique. Aucune religion quelle qu’elle soit n’est liée au développement de l’homme et de la société civile, ce qui n’enlève rien à aucune d’elles, car les religions ne sont que l’expression d’une relation spirituelle, précise et particulière entre l’individu et le Créateur, et le Coran est un grand livre pour le pur culte divin. (*) De sorte que les règles juridiques du droit positif sont une nécessité incontournable pour l’homme et la société ; la réglementation de la circulation, le code du travail et les lois qui régissent l’administration d’un pays dans tous les domaines ne peuvent en aucun cas s’inspirer de la religion.

Le libéralisme garantit l’expression de toutes les libertés individuelles, y compris le libre exercice du culte, sans infliger à la société la tutelle ou la tyrannie d’une doctrine, et

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